Depuis une trentaine d’années, les scientifiques constatent une féminisation du monde animal. Les lacs et les estuaires où se déversent les polluants, ont pour conséquence une féminisation de la faune. Ce constat ce fait aussi loin des zones ultra polluées, car même les ours polaires n’échappent pas à cet hermaphrodisme dû à un taux anormalement élevé de pesticides dans les couches de glaces polaires, et de plus en plus d’animaux sont touchés telles que les grenouilles, mouettes, panthères.
Ces transformations ont lieu aussi chez les humains. Effectivement, une baisse générale de la fertilité depuis 50 ans a été constatée. Cette prédominance d’oestrogènes a pour conséquence d’annihiler l’action des hormones mâles, les androgènes et peut engendrer des malformations des organes génitaux. En effet, d’après une étude menée par le professeur Charles Sultan au CHU de Montpellier, son équipe remarque une augmentation de malformations et de puberté de plus en plus précoce chez les filles. Avec le soutien de l’Europe, le professeur Sultan a engagé une étude épidémiologique, sur 2 043 naissances (dont 1033 garçons) : 25 ont une malformation : 4 micropénis, 12 cryptorchidies (descente incomplète des testicules), 7 hypospadias (malformation congénitale masculine, qui se manifeste par l’ouverture de l’urètre dans la face inférieure du pénis au lieu de son extrémité), 2 pseudohermaphrodisme . C’est énorme, s’inquiète le professeur. Parmi ces 25 enfants, 8 d’entre eux (32%) avaient un parent exposé aux pesticides. » Un enfant d’agriculteur a quatre fois plus de risques d’avoir une malformation génitale « , conclut le professeur Sultan. Des analyses plus poussées sur le pseudohermaphrodisme montrent une activité biologique anormalement élevée des oestrogènes. On constate aussi que le ratio de natalité fille/garçon, traditionnellement favorable aux garçons, s’est inversé.
L’industrie pétrochimique est la première montrée du doigt dans cette féminisation de notre monde. Le déversement de tonnes d’hydrocarbures aromatiques polycycliques sur notre planète diffuse en grande quantité des hormones qui ont les mêmes propriétés que les oestrogènes des femmes, et les dépassent même en puissance. Ces polluants sont maintenant présent partout dans nos produits de consommation : parfums, savons, shampooings, déodorants, crèmes ainsi que dans nos aliments.
Le docteur John Lee évoque le danger de ces nuisances : « les oestrogènes sont des hormones féminines et nous sommes noyés dans une mer pétrochimique d’oestrogènes exogènes. Les conséquences potentielles de cette surexposition sont bouleversantes, surtout si l’on considère que l’une d’entre elles est la transmission des anomalies du système reproducteur à nos descendants. Le legs de cette pollution est en effet une véritable épidémie d’anomalies dans la fonction génitrice, parmi lesquelles un nombre sans cesse croissant de cancers des glandes sexuelles, la stérilité, la baisse du taux des spermatozoïdes et la féminisation des hommes ».
C’est un problème de société, un cri lancé pour susciter une prise de conscience. Faudra-t-il sauver nos mâles reproducteurs » sains » dans l’avenir pour la survie de notre espèce ?